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Le blog de Juninho

Bilan de fin d'année : la retraite à 33 ans ?

29 Décembre 2013 , Rédigé par Cédric Junillon Publié dans #Racketlon, #Retraite

Bilan de fin d'année : la retraite à 33 ans ?

Il est de bon ton chaque année de faire le point, entre la dinde farcie de Noël et la raclette géante du Nouvel an, sur l’année écoulée et sur ses aspirations pour la suivante..

Les championnats du monde se sont terminés sans aucune surprise avec les victoires des #1 mondiaux : le Danois Jesper Ratzer, enfin sacré après 3 ans de domination (malgré d’apparentes violentes crampes dans les derniers points que certains esprits chagrins auront vu comme une tentative d’ajouter un peu de dramaturgie à une finale très vilaine et à sens unique) et l’allemande Nathalie Zeoli qui n’avait pas d’adversaire à sa hauteur dans le tournoi après que sa rivale tchèque eut déclaré forfait.

De mon côté, ce fut un excellent cru malgré une préparation tronquée par un nombre hallucinant de blessures (j’ai enfin atteint la franchise de mon assurance maladie, champagne !) avec une 21ème place et une défaite honorable contre le 10ème mondial, objectivement plus fort. De quoi raviver le démon de la compétition au niveau international – pourquoi arrêter alors que tu peux encore jouer à ce niveau ? tes genoux/ adducteurs/dorsaux peuvent sûrement tenir encore une année de plus ! ce serait dommage, tu commences à avoir un bon niveau au squash et tu progresses toujours…

C’est (à mon bien plus modeste niveau) la même question que se sont posés les plus grands avec le fameux dilemme de « l’année de trop ». Tout le monde encense Sampras pour avoir fini au sommet avec sa victoire à l’US Open mais sûr que le petit démon sur son épaule lui a soufflé un bon moment dans l’oreille qu’il pouvait peut-être en gagner un de plus… Et finalement si on prend du plaisir, pourquoi arrêter, quelle honte y a-t-il à continuer à jouer même si le niveau baisse inexorablement dû aux années qui passent ? Pas mal de gens se moquent de Georges Bastl qui après avoir tutoyé les sommets en battant Sampras à Wimbledon continue aujourd’hui à 38 ans d’enchaîner des tournois de 3ème zone où il se prend des roues de vélo par n’importe quel jeune potable, mais finalement s’il en a les moyens et que cette vie lui plait, pourquoi arrêter ?
D’ailleurs, on notera que Sampras qui a toujours été programmé pour être champion depuis tout petit et a les moyens d’entreprendre n’importe quel projet a déclaré 2 ans après sa retraite « qu’il passait le temps à jouer au poker en ligne, et pensait reprendre les interclubs sur le circuit universitaire américain », traduction : il ne s’intéresse à rien et s’emmerde comme un rat mort.

Annoncer sa retraite à l’avance, c’est aussi se donner la possibilité de vivre un moment chargé d’émotion (Roddick qui sauvait des balles de match avec des larmes qui coulaient le long de ses joues avant de finalement s'incliner pour son dernier US Open contre Del Potro dans une ambiance de folie) : vous sentirez l’affection de tous ceux qui vous apprécient (autres joueurs, organisateurs, arbitres, spectateurs et médias) qui en temps normal ne l’exprimerait pas autant, pudeur d’adulte oblige. Cela revient finalement à assister aux éloges faits à ses propres obsèques, ce qui est un plaisir narcissique bienvenu, rare sont ceux qui n’ont pas besoin d’un supplément de confiance en soi.

Mais le problème est qu’avec les années, le corps a tellement ramassé que finalement, ça devient un luxe de pouvoir décider quand s’arrêter, et c’est là le grand risque de l’année de trop : combien de champions n’ont jamais eu de sortie digne de leur niveau car ils ont dû officialiser leur arrêt dans un vague communiqué depuis chez eux ou au mieux, une conférence de presse ? Récemment, ce fut au tour de Nalbandian qui après avoir passé des années de galère à espérer revenir à son niveau malgré les blessures a dû se résigner sans avoir pu jouer un dernier tournoi. Quid de Robin Soderling qui n’a pas pu jouer depuis plus de 2 ans et que l’on ne reverra probablement jamais ? Une telle épopée de 20 ans d'efforts mérite un clap de fin et il risque bien de ne jamais en avoir.

Dans mon cas, c’est actuellement le yo-yo émotionnel : d’un côté, les grands matchs chargés d’adrénaline où l’on pousse son physique et son mental aux limites, le bonheur de rencontrer autant de gens sympas du monde entier et le fait que je progresse toujours me donnent envie de continuer. De l’autre, les lendemains à marcher comme un petit vieux et à appeler le médecin pour trouver un créneau en urgence et me remettre d’aplomb avant la prochaine échéance me font me dire que s’abîmer le corps à ce point est quand même bien idiot ! J’ai bien annoncé à plusieurs amis proches sur le circuit que ça sentait la fin et que j’allais essayer de me préserver, c’est une petite mort à laquelle je n’ai pas encore pu me résoudre, il y aura bien quelques tournois en 2014.

Je vous souhaite à tous un excellent réveillon de fin d’année tout en rappelant aux compétiteurs que pour chaque portion de raclette supplémentaire, c’est 10mns de plus qu’il faudra courir ! Vous pouvez être sûr que Ratzer, lui, les fera...

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P
Comme dirait Bernhard Russi, la question n'est pas si c'est le bon moment pour arrêter,<br /> mais plutôt si c'est le bon moment pour recommencer autre chose.<br /> <br /> Joli article, bonne année !
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C
Je ne connaissais pas mais j'aime beaucoup, je la ressortirai !<br /> Bonne année à toi aussi et que la force soit avec ton vélo !